Au cours de la journée, nous prenons un grand nombre de décisions. Du choix de notre tenue vestimentaire à la tâche à exécuter en premier au travail, certaines décisions sont faciles à prendre alors que d’autres nécessitent une réflexion plus poussée.
Cependant, notre cerveau peut nous jouer des tours. Et certains choix que nous faisons ne sont pas si objectifs et rationnels que nous le pensons. Comment ? A cause des biais cognitifs qui faussent notre jugement et affectent nos décisions sans même que nous nous en apercevions, et ce jusque dans les relations que nous entretenons avec nos collaborateurs.
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Selon Sciences et Avenir, un biais cognitif est « un réflexe de pensée faussement logique, inconscient et systématique » qui tord la réalité en l’analysant avec des raisonnements irrationnels et illogiques. Il s’agit d’une sorte de court-circuit mental qui traite et analyse le plus rapidement possible la situation dans laquelle nous nous trouvons pour que nous puissions porter un jugement ou prendre rapidement une décision.
Si nous sommes confrontés à une très grande quantité d’informations importantes ou si nous avons un temps très limité pour prendre une décision, les biais cognitifs influencent nos choix.
A l’origine, les biais cognitifs nous aidaient à survivre dans un environnement sauvage et hostile en faisant économiser à notre cerveau du temps et de l’énergie pour prendre des décisions rapidement grâce à des raccourcis mentaux.
Aujourd’hui, dans notre monde moderne, les biais cognitifs forment un mécanisme inconscient qui pousse notre cerveau à interpréter notre environnement en le simplifiant avec des stéréotypes, des préjugés et des croyances dans le but d’ordonner le monde qui nous entoure.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les biais cognitifs créent un dysfonctionnement dans notre raisonnement et nous conduisent à commettre des erreurs de perception, de jugement, d’attention, de raisonnement, d’évaluation, d’interprétation logique, etc., bref à avoir des comportements ou à des décisions inadaptés.
Il existe de nombreuses études sur les biais cognitifs, notamment dans les sciences cognitives, la psychologie cognitive et la psychologie sociale. La connaissance des biais permet de comprendre et de prévoir le comportement des individus afin de mieux faire passer un message et d’arriver à ses fins (accroître les ventes, séduire les consommateurs, etc.), ce qui est très utile dans des domaines tels que la publicité, le marketing ou la politique.
Les différents biais cognitifs
Au total, il existe des centaines de biais cognitifs, classés selon quatre catégories ou situations auxquelles ils nous aident à faire face.
- Nous sommes confrontés à trop d’informations : notre cerveau trie et filtre la majorité des informations que nous recevons.
- Le monde manque de sens : une fois l’information filtrée, nous devons en définir le sens en comblant les vides et en reliant les éléments entre eux.
- Nous devons agir vite : pour augmenter nos chances de survie, de sécurité ou de réussite, notre cerveau doit agir et prendre des décisions rapidement.
- De quels éléments devons-nous nous souvenir : notre cerveau choisit ce dont on doit se souvenir et ce que l’on oublie en fonction de ce qui pourra nous servir.
Les biais cognitifs au travail
Ces réflexes cérébraux déforment notre analyse du monde, des autres et de nous-mêmes, ce qui a des conséquences dans notre vie de tous les jours, à la maison comme cas au travail. Et cela sans que nous nous en rendions compte.
Découvrez 6 biais cognitifs qui affectent les relations avec vos collaborateurs.
La pensée de groupe ou l’effet de conformisme
Avez-vous déjà remarqué que tous les membres d’une équipe ont tendance à être d’accord en réunion ? C’est bien connu, lorsque des personnes sont impliquées dans un groupe, elles ont tendance à se conformer à l’avis de la majorité pour éviter d’être exclues.
Le souci, c’est que vous allez être d’accord avec des idées auxquelles vous n’adhérez pas vraiment pour plaire à vos collègues. Ce type de comportement est un frein à toute innovation ou changement majeur, et favorise des décisions sûres qui suivent un chemin tout tracé.
Le décalage empathique
On a tendance à mieux comprendre ses collègues lorsque l’on est dans le même état d’esprit qu’eux. Par exemple, si vous êtes calme et détendu, vous aurez des difficultés à comprendre comment votre collègue peut être aussi énervé et en colère. Il est donc important de réussir à réduire ce décalage empathique et d’essayer de comprendre vos collaborateurs pour favoriser une meilleure ambiance au travail.
L’effet boomerang
Vous avez une nouvelle idée et vous voulez convaincre vos collaborateurs. Méfiez-vous de l’effet boomerang. Il s’agit d’une tentative de persuasion qui obtient l’effet inverse de celui escompté. En résumé, plus vous cherchez à justifier votre idée et à convaincre vos collègues, plus ils seront réticents et opposés à votre idée.
L’effet de mode
Il s’agit du biais contraire à l’effet boomerang. Tels des moutons de Panurge, les collaborateurs indécis qui ont du mal à prendre une décision vont se ranger tardivement à l’avis général.
L’erreur fondamentale d’attribution
Ce biais consiste à accorder une importance excessive aux caractéristiques propres à une personne (caractère, intentions, émotions, connaissances, opinions) plutôt que de prendre en compte la situation extérieure (c’est-à-dire les faits) lorsqu’on analyse son comportement. Cela revient à dire que le comportement d’une personne est le reflet de sa personnalité, alors qu’il est généralement le résultat d’une situation.
Par exemple, si l’un de vos collègues glisse et tombe, vous allez considérer que cette personne est maladroite alors qu’elle est tombée à cause de ses chaussures ou du sol glissant.
Le biais de projection ou faux consensus
A cause du biais de projection, nous avons tendance à croire que les autres pensent et réfléchissent comme nous, voire qu’ils sont d’accord avec nous. Au travail, on peut alors penser que nos collaborateurs ont les mêmes idées, les mêmes priorités et les mêmes valeurs que nous. Cela peut conduire à des situations délicates où vous croyez à tort que la majorité de l’équipe pense comme vous ou, en tant que manager, vous pensez savoir ce que veulent vos collaborateurs (la même chose que vous).
Conclusion
Il existe plus d’une centaine de biais cognitifs. Il est important de connaître leur existence et d’essayer de prendre du recul avant de porter un jugement ou de prendre une décision hâtive. Evitez de juger trop rapidement vos collaborateurs, et soyez à l’écoute et ouvert. Rassemblez un maximum d’informations avant de tirer des conclusions. Ainsi, vous améliorerez vos relations avec vos collaborateurs en évitant les biais cognitifs.