Protéger la santé des collaborateurs semble anodin. Pourtant, au sein des TPE et PME, cela peut être un réel défi. Les chiffres démontrent comment la pénibilité du travail, les risques psychosociaux ou des risques spécifiques au métier peuvent impacter fortement la santé des salariés. Il est donc indispensable de prendre en considération cette problématique et d’étudier les moyens d’améliorer la santé physique et mentale des équipes dans les petites et moyennes entreprises.
Les chiffres de la santé au travail dans les TPE/PME
En étudiant différentes statistiques, il est évident que les problématiques liées à la santé et à la sécurité des employés dans les TPE et les PME nécessitent une prise de conscience.
Les employés de telles entreprises sont par exemple plus exposés aux postures pénibles (28%), aux vibrations transmises par des outils ou des machines vibrantes (18%) ainsi qu’à la conduite (20%). Plus inquiétant encore, 13% sont exposés à des agents chimiques cancérogènes et 34% n’ont pas ni protection individuelle ni protection collective[1].
Pour se convaincre de l’importance des risques liés à la santé au travail, il suffit de savoir que près de 640 000 accidents au travail ont été recensés en 2021[2]. Et ces questions ne concernent pas uniquement les employés ! En effet, 17% des dirigeants de TPE/PME déclarent consommer de l’alcool chaque jour contre 10% pour le reste de la population…et 32% sont fumeurs contre 27% en moyenne pour la population française[3].
Tous ces chiffres montrent que la santé au travail dans les TPE et PME nécessite la mise en place d’une stratégie dédiée pour améliorer la situation sans attendre.
Comment expliquer ces chiffres ?
Si la taille de l’entreprise joue beaucoup sur la santé au travail, c’est que l’organisation du travail n’est pas la même entre des structures de tailles modestes et les grandes entreprises. Différents éléments peuvent finalement expliquer cette prévalence des problèmes de santé et de sécurité au travail.
Tout d’abord, de nombreux dirigeants ne perçoivent pas l’intérêt d’investir dans une démarche de prévention des risques professionnels. Ils peuvent aussi manquer de connaissances ou d’accompagnement à ce sujet.
Quand bien même, les dirigeants souhaiteraient agir concrètement pour améliorer les conditions de travail de leurs salariés, ils sont alors confrontés à des contraintes liées aux ressources humaines, financières ou temporelles. Pour régler les choses, il faut pouvoir allouer un certain budget, avoir le temps de s’en préoccuper et posséder parfois les bons profils en interne afin de déployer les bonnes pratiques de prévention.
Ajoutons que les salariés intègrent la nécessité de ne pas se soucier de ces questions. Comme le souligne Fanny Darbus, auteure du livre “ Santé et travail dans les TPE. S’arranger avec la santé, bricoler avec les risques[4] ” : « Un bon travailleur n’est jamais malade, ne se plaint pas, et s’il a mal, il se fait à sa douleur[5] « . Les salariés et les dirigeants finissent donc par reléguer les questions de santé au second plan.
Quelles sont les obligations de l’employeur ?
Les manquements à la sécurité au travail ne manquent pas. Cela débouche parfois sur des drames. Certains métiers comme les cordistes par exemple n’utilisent souvent pas d’équipement de protection[6].
Pourtant, tout employeur doit prendre en considération la santé des collaborateurs et les risques liés au travail. Ainsi, la législation pose certains principes majeurs et incontournables tels que :
- L’obligation générale de sécurité ;
- L’évaluation des risques professionnels ;
- Une planification de la prévention[7].
Bien que l’application de ces principes soit parfois difficile, l’employeur a tout intérêt à mettre en place des mesures de prévention afin de protéger la santé des collaborateurs et in fine la performance de l’entreprise.
Comment améliorer la santé dans les TPE/PME ?
Au-delà de la médecine du travail, l’employeur doit agir sur deux axes principaux s’il souhaite améliorer de manière significative la santé au travail dans une TPE ou une PME. Certes le déploiement de cette stratégie peut-être chronophage et complexe, mais c’est un élément incontournable pour le futur de l’entreprise.
Prévention primaire
Le principe de prévention primaire est le fait d’agir en amont pour diminuer les risques. Elle est définie en ces termes par le gouvernement : “ La prévention primaire des risques professionnels consiste à combattre le risque à sa source. Elle est centrée sur le travail et son organisation et renvoie à une prévention collective des risques.[8]”
Il est donc conseillé en priorité d’identifier les risques auxquels les salariés pourraient être confrontés en travaillant au sein de votre entreprise. Ensuite, mettez en place des formations pour les sensibiliser à ces risques et aux bonnes pratiques. Enfin, adaptez autant que faire se peut les postes de travail en améliorant l’ergonomie pour lutter contre les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) ainsi que les lieux de travail pour éviter notamment les chutes.
Promotion de la qualité de vie au travail
L’autre axe essentiel d’une démarche sécurité et santé est la qualité de vie. Vous pouvez agir de plusieurs façons. Commencez par associer au maximum les collaborateurs et les partenaires sociaux aux prises de décision. Cela ne semble pas directement lié à la santé. Pourtant, cela permet de créer un climat apaisé au travail.
Pour renforcer la santé des collaborateurs et réduire leur stress, il est conseillé de proposer des activités liées au bien-être. Nous pouvons notamment citer des ateliers nutrition en entreprise, des sessions de team building ou de relaxation.
Enfin, il est conseillé d’adopter une organisation flexible de l’entreprise. Proposez aux collaborateurs de télétravailler, favorisez le travail en équipe et soyez conciliant en termes d’horaires pour améliorer l’harmonie entre la vie professionnelle et la vie privée.
L’enjeu majeur de la santé au travail
Comme nous avons pu le voir dans cet article, la santé au travail dans les TPE/PME est un enjeu majeur aussi bien pour les salariés que pour les dirigeants. S’il est naturel de chercher la performance, elle ne doit pas se faire au détriment des différents acteurs de l’entreprise au risque d’impacter négativement ses perspectives de croissance à long terme.
Bien que les défis soient nombreux, l’entreprise a tout intérêt à prendre en compte cette problématique pour assurer le bien-être des salariés et soigner son image de marque si elle désire attirer les talents.
[1] Entreprise et santé, Risque professionnel et taille de l’entreprise, 2017
[2] Les Echos, Accidents du travail : la prévention, parent pauvre des TPE-PME, 2023
[3] Malakoff Humanis, Santé des dirigeants de TPE PME : les chiffres clés, 2021
[4] Editions érès, Fanny DARBUS et Emilie LEGRAND, Santé et travail dans les TPE, 2023
[5] aef, Santé et travail dans les TPE : “ Les gens endurant les pénibilités, tiennent vaille que vaille ”,2023
[6] opus cit.
[7] Malakoff Humanis, Santé au travail : définition et obligations de l’employeur, 2021
[8] Fonction publique, La prévention des risques professionnels, 2022
